Luge Canada

Profitant d’un environnement familier, Trinity Ellis assume pleinement son rôle de leader au Championnat du monde de lug

C’est une nouvelle phase de sa carrière d’athlète qui semble avoir pris au dépourvu la jeune athlète de luge, Trinity Ellis.

Or, ce passage soudain est compréhensible si l’on considère sa montée rapide dans le sport.

Un jour, voilà une jeune fille qui découvre le sport lors d’une excursion scolaire avec sa classe de sixième année, et le lendemain, semble-t-il, la voilà membre des équipes nationales cadette, junior et sénior. Adolescente, la voilà qui concourt aux Jeux olympiques d’hiver 2022 à Pékin, en Chine.
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Maintenant, la voici qui assume le rôle de modèle vis-à-vis des athlètes de luge de tous niveaux d’aptitude au pays, incluant ses coéquipiers d’équipe nationale qui la côtoient tous les jours.

« C’est un concept que je saisis graduellement au cours des deux dernières années, » dit Ellis du haut de ses 22 ans. « Pendant un bon bout de temps, au début de ma carrière, j’étais toujours la cadette. J’étais très jeune quand j’ai commencé à compétitionner au niveau sénior. J’étais la plus jeune sur le circuit international pendant une année, si je me souviens bien, »

Des 10 membres de la formation canadienne qui participent au championnat du monde FIL cette fin de semaine à Whistler, en Colombie-Britannique, Ellis est la seule Olympienne.

Figure de proue est un rôle qu’elle trouve elle-même quelque peu surprenant.

« Maintenant, je suis l’athlète la plus expérimentée de l’équipe, donc je me sens appelée à adopter l’esprit de leader, » dit Ellis, qui a grandi dans la ville voisine de Pemberton, C.-B. « C’est une sensation un peu, bon, je ne sais pas si ‘insolite’ est le mot qui convient, mais ce n’est pas un rôle dans lequel je me serais envisagée. Mais c’est génial. »

Si cette responsabilité l’inquiète, Ellis — qui concourt à Whistler en compagnie d’Embyr-Lee Susko (Whistler, C.-B.); Caitlin Nash, (Whistler, C.-B.); Beattie Podulsky (Calgary); Carolyn Maxwell (Calgary); Theo Downey (Calgary); Dylan Morse (Calgary); Devin Wardrope (Calgary); Cole Zajanski (Calgary) et Kailey Allan (Calgary) — ne montre aucun signe.

Son caractère est en soi une arme puissante.

« Trinity est vraiment terre à terre, » observe Robert Fegg, entraîneur d’équipe nationale de Luge Canada. « C’est une personne sympathique qui dégage une énergie positive. Elle est gentille, aimable, sage, bien élevée. Elle possède toutes les qualités qu’un parent voudrait inculquer à ses propres enfants. »

Forte de ces qualités, Ellis exerce un impact réel, spécialement au niveau communautaire.

Quand elle visite les écoles, elle souhaite inspirer et motiver les élèves. « J’ai tissé des liens étroits avec la Première Nation Lil'wat à Pemberton, » dit Ellis, qui est une Métisse. « Il est vraiment génial de m’entretenir avec d’autres jeunes Autochtones. »

Dans le sillage de ses visites, selon ce qu’elle a entendu, des excursions scolaires ont été organisées pour permettre aux élèves d’essayer la luge.

« C’est très cool parce que comme sport, la luge n’est pas super diversifiée, » souligne Ellis. « L’une des raisons pour lesquelles j’ai eu la possibilité de m’adonner à la luge est parce que ce n’est pas super dispendieux comme bon nombre d’autres sports dans cette région, comme par exemple les courses de ski. Ce n’est peut-être pas toujours évident, mais dans la réalité, la luge est un sport relativement accessible. »

Elle sait par expérience qu’une seule descente à bord d’une luge est tout ce qu’il faut pour faire naître une passion.

« Je suis tombée amoureuse immédiatement, » affirme Ellis. « J’étais toujours cet enfant qui ne se lassait jamais des montagnes russes, et la luge n’est pas tellement différente. La vitesse et la sensation de descendre la piste sont vraiment incomparables, merveilleuses. Je suis rentrée à la maison après cette séance de luge et j’ai dit à ma mère, 'Maman, j’ai adoré, » et elle m’a inscrite. Et voilà, c’est parti, ma carrière de luge. »

Plus elle glisse, plus elle découvre de nouveaux frissons. À mesure que ses compétences s’améliorent, elle commence à obtenir de bons résultats en compétition, et en passant elle découvre une passion pour parcourir le monde. En plus, elle aime relever le défi présenté par chaque nouvelle piste. « Mon enthousiasme a redoublé. »

Compétitionnant aux niveaux cadet et junior, Ellis s’est démarquée comme un talent à part. À l’âge de 16 ans, elle a concouru à ses premiers championnats du monde. En mars 2020, elle a remporté le titre national aux niveaux junior et sénior. « Si tu as un feu dans le ventre, il y a une voie claire qui s’offre pour atteindre le niveau d’élite dans ce sport. »

Le prix le plus convoité, bien sûr, est une place au sein de l’équipe olympique. Ellis a déjà coché cette case.

Or, son expérience olympique a été houleuse. Elle a attrapé la COVID seulement deux semaines avant le départ prévu de l’équipe canadienne pour la Chine. Ellis a été confinée dans un hôtel allemand en attendant un résultat négatif au test de dépistage. Elle a enfin pris un vol pour Pékin, où elle a dû continuer d’adhérer à des mesures protocolaires très strictes. 

« C’était une période surréaliste dans ma vie, » se souvient Ellis. « Il y avait énormément de stress. »

Cette série de revers ne l’a pas empêchée d’en sortir avec le meilleur résultat canadien en luge aux Jeux; elle a pris la 14e place en luge simple féminine. En relais par équipes, Ellis a contribué au résultat de sixième place pour le Canada.

« Dans le feu de l’action, j’étais déçue parce que je savais que je n’étais pas au sommet de ma forme et que j’aurais pu mieux faire, » avoue Ellis. « Mais avec du recul, en considérant les conséquences et mon état mental à l’époque, avec tout le chahut dans les coulisses, je suis fière de ma résilience et de ma capacité à persévérer. »

Cette fin de semaine, quand les meilleurs lugeurs et lugeuses du monde débarquent à Whistler, Ellis a l’avantage de compétitionner sur une piste à seulement trente minutes de route de chez elle. La date de l’évènement est entourée sur son calendrier depuis des années.

« C’est une occasion unique, » dit-elle. « J’en arrive enfin à un certain niveau de confort sur les pistes européennes. Mais rien n’est comparable à la sensation de glisser ici, chez moi. C’est un tout autre niveau. Il est bon d’avoir cette confiance et cette familiarité pour faire contrepoids à la pression qui est le propre du championnat du monde. »

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Ellis n’a pas fixé d’objectif en termes de chronos ou de classements : elle souhaite simplement réaliser des départs rapides, exécuter des descentes qui lui donnent toutes les raisons d’être fière, et se concentrer sur le processus. « J’espère que cela produira un résultat satisfaisant. »

Peu importe l’issue de la compétition, ne vous attendez pas à des signes d’anxiété de cette jeune femme très zen.

« C’est une compétitrice féroce, mais cette facette de sa personnalité ne se révèle pas aux observateurs, » indique Fegg. « Trinity est une femme de caractère – très sobre, très calme. Il n’y a pas de sauts d’humeur, pas de surprises. Une athlète très posée. Avec un tel caractère, elle peut aller vraiment loin, j’en suis sûr. »