Megan Sampson entre dans un tout nouveau monde
Megan Sampson attendait avec impatience un coup de fil important. La jeune résidente de Langford, C.-B., venait de participer à un événement Camp des recrues RBC — un camp d’identification de talent permettant aux jeunes athlètes de mettre en valeur leurs capacités athlétiques devant des représentants d’une variété d’organismes nationaux de sport — à Victoria. Joueuse de rugby de talent, Megan a réussi la série de tests visant à évaluer la puissance, la vitesse, la force et l’endurance. Elle retenait son souffle en attendant les résultats de ses évaluations athlétiques. Enfin, un jour quand elle était dans sa classe de 9e année à l’école secondaire Belmont, elle a reçu le message tant attendu. C’était sa mère Chrissy Keddle, qui lui a envoyé un texto pour annoncer la grande nouvelle — Luge Canada avait envoyé un courriel pour exprimer son intérêt dans Megan comme future athlète. « C’était très drôle, » affirme Chrissy. « Elle m’a répondu, ‘mais qu’est-ce que c’est, la luge’? » Megan se souvient : « Je n’avais aucune idée. Je n’avais même pas entendu le mot « luge ». Franchement je n’étais pas tellement contente de recevoir cette nouvelle parce que je ne voulais rien entendre au sujet de la luge. » Cherchant à attiser la curiosité de sa fille pour le sport, la maman lui a envoyé une vidéo d’une compétition de luge. La réponse de sa fille a été loin d’être enthousiaste : « Cela ne me dit rien. Ce n’est pas un sport que j’aurais imaginé; il ne m’est jamais venu à l’esprit de faire telle chose. » Refusant d’accepter un « non » comme réponse, et reconnaissant les qualités physiques et le niveau de conditionnement de Megan, les représentants de Luge Canada ont persévéré et ont fini par persuader la fille de 1m 65 à essayer le sport. Il en est ainsi que, en août 2023, Megan et Chrissy ont pris un vol pour Calgary, où Megan a fait des descentes à bord d’une luge sur roulettes avant de visiter les installations d’entraînement Ice House du Parc WinSport, où elle a goûté pour la première fois aux départs sur glace. Tout d’un coup, elle a éprouvé une passion pour la luge, et un désir d’aller plus loin dans ce sport. Au cours des mois suivants, Megan a participé à la finale du Camp des recrues RBC à Toronto, et elle a fait le trajet à Whistler, C.-B. pour faire sa première descente réelle d’une piste de glace de compétition. « Évidemment, j’avais les nerfs en boule, comme ça en haut de cette grande colline que je devais dévaler, » avoue Megan. « Mais après cette première descente j’avais déjà un certain niveau de confort. » Du point de vue de Chrissy – qui observait la progression de sa fille Megan, et la voyait prendre son élan, au sens propre comme au sens figuré – c’était une expérience insolite. « Sur la ligne de touche d’un terrain de rugby, je suis accoutumée au rythme frénétique du jeu, et ma fille est toujours en visibilité, » explique la maman. « Puis, avec la luge, je l’entends descendre la piste, le grondement des aciers sur la glace, puis en un clin d’œil elle passe devant mes yeux, à une vitesse de 120 km/h et je suis comme sidérée. Mais en même temps j’ai l’esprit tranquille parce que je sais qu’elle est confortable à bord de cette luge, et qu’elle a fait tant d’heures d’entraînement, des mois d’entraînements à Whistler. « Mais tout compte fait, un dérapage à 120 km/h, c’est différent d’une chute sur un terrain de rugby, non? » Ces jours-ci, les dérapages et les chutes sont peu nombreux pour Megan. La question qui se pose est la suivante : compte tenu du niveau d’engagement requis, et du chevauchement des saisons (le rugby se joue tout au long de l’année ou presque) — est-il possible de poursuivre l’excellence dans les deux sports? « J’ai un emploi de temps très chargé, » avoue Megan dans un rire : « Je pense que c’est raisonnable, mais j’ai beaucoup d’énergie et j’adore être active. » À un moment ou un autre, elle devra trancher. « Je reconnais que, inévitablement, il faut faire un choix entre les deux sports. Et je crois que ce moment va probablement arriver plus tôt que prévu. » Megan apprécie la difficulté de ce choix, spécialement après 2024, année qu’elle qualifie de « remarquable » dans sa carrière de rugby. Après tout, il serait difficile de renoncer à un sport qui l’a amenée aux Jeux d’été de la Colombie-Britannique et au Tournoi Tropical 7s à Tampa, en Floride. « J’ai réalisé des progrès chaque année,” affirme Megan qui, à un moment donné, a été nommée à la formation provinciale U-14. « J’apprécie vraiment l’esprit d’équipe. J’aime le contact physique et le rythme rapide du rugby, et le fait qu’il y a très peu de pauses dans l’action. » Significativement, quand Megan a été invitée aux essais de la formation U-18 provinciale, elle a refusé. En revanche, elle est allée à Whistler pour affiner ses compétences de glisse en vue de participer aux championnats canadiens au mois de mars. Ce choix, au dire de Chrissy, a pris la famille quelque peu au dépourvu. « Oui, cette décision m’a enlevé un peu de sommeil, » dit Megan. « Il m’a fallu un couple de jours pour peser le pour et le contre et faire mon choix. J’ai décidé que cela faisait plus de sens de choisir le sport dans lequel j’étais déjà embarquée sur un cheminement olympique. » Le sérieux qu’elle apporte à ce cheminement suppose des investissements de temps et d’efforts dans les entraînements pour travailler sur la technique de glisse, conjugués avec des séances de conditionnement physique et de banc d’exercice, plus des exercices de flexibilité et des séances de CrossFit. L’encadrement par Luge Canada porte déjà des fruits. Progressant rapidement dans le sport, la fille de 16 ans dévale la piste de plus en plus rapidement. Il est assez remarquable de penser que, il n’y a pas si longtemps, Megan ignorait l’existence de la luge. Aujourd’hui, elle a déjà fait l’expérience d’un championnat national, un moment surréaliste, au dire de la jeune compétitrice. « Je suis très reconnaissante que Luge Canada ait vu en moi une promesse d’avenir, et j’ai l’intention de leur montrer que je suis à la hauteur des attentes. »
